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Peter Ricketts

Ambassador to France from February 2012 to January 2016.

21st April 2015 Paris, France

Qui est le diplomate moderne ?

DHM Kara Owen with ENA group, April 2015
DHM Kara Owen with ENA group, April 2015

Dans ce billet, le vice-ambassadeur du Royaume-Uni en France Kara Owen dresse un portrait du diplomate du XXIè siècle, suite à une intervention à l’ENA à Paris sur les nouvelles pratiques du métier de diplomate.

DHM Kara Owen in front of the ENA building, Paris
DHM Kara Owen in front of the ENA building, Paris

La semaine dernière j’ai été invitée à parler de la fonction de diplomate moderne dans le cadre d’un cycle de formation à l’ENA. Pour préparer cette intervention, j’ai repensé aux recherches entreprises lors de mon Mastère en relations internationales. J’avais alors passé un été à comparer les rapports et l’activité des ambassades britanniques et françaises à Berlin en 1932-1933, pendant ces quelques mois cruciaux avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

Ainsi, j’ai vécu pendant un mois avec mes prédécesseurs, à travers leurs propres écrits et les livres écrits à leur sujet. Ce faisant, j’ai été frappée par le fait que ma propre expérience de diplomate du XXIè siècle comporte de grandes similarités avec la leur : je travaille moi aussi au cœur de la relation qu’entretiennent deux pays et j’ai la chance d’être témoin de moments extraordinaires.

Cependant, nos expériences comportent aussi certaines différences notables :

Les fonctions diplomatiques : dans les années 1930, les télégrammes diplomatiques étaient les premiers à annoncer les nouvelles, notamment en cas de guerre ou de révolution, aux ministres à Londres. A l’ère de Twitter et de l’information 24h/24, c’est très rarement le cas aujourd’hui. Nous sommes également en compétition avec d’autres structures qui fournissent l’un de nos produits-clés : l’analyse.

Nous nous assurons en effet d’utiliser la valeur ajoutée que confèrent les relations que nous établissons localement pour livrer une bonne analyse d’une situation donnée au gouvernement et aux citoyens. Alors que le pouvoir s’est de plus en plus fragmenté, nous devons réussir à toucher et à interagir avec des groupes de plus en plus grands.

Il fut un temps où les fonctions consulaires et commerciales du diplomate étaient parfois considérées comme le “parent pauvre” en comparaison avec le rôle politique du diplomate, plus noble. De nos jours, aucun diplomate ne peut réussir dans la fonction s’il ne peut protéger ses concitoyens lors d’une crise ou comprendre comment défendre au mieux les intérêts des entreprises britanniques.

Le profil du diplomate : les diplomates dont j’ai étudié les activités avaient un profil très similaire. C’étaient des hommes éduqués, issus d’un certain milieu social, blancs pour la grande majorité d’entre eux. Je suis ravie de voir que ce n’est plus le cas. Le Foreign Office recherche délibérément aujourd’hui des profils issus de milieux différents avec des expériences professionnelles variées. Il n’y a que comme ça que nous pouvons profiter de la créativité née des rapports entre différentes formes de pensée et représenter réellement la nation que nous servons.

Les compétences du diplomate : dans les années 1930, les capacités sociales et intellectuelles étaient mises en avant. Aujourd’hui, le diplomate doit être capable de rassembler son équipe autour d’une vision, de la guider lors d’une crise et de mettre en œuvre un environnement de travail propice à son épanouissement professionnel. Il doit également se sentir suffisamment à l’aise pour entrer en relation avec le public par les nouveaux médias comme les traditionnels.

Le prolifique ambassadeur français à Berlin dans les années 1930 était un ancien journaliste. Il écrivait merveilleusement, avec une grande clarté. Mais je ne suis pas sûre qu’il aurait pu tweeter ses observations en 140 caractères…

Kara Owen