This blog post was published under the 2010 to 2015 Conservative and Liberal Democrat coalition government

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Peter Ricketts

Ambassador to France from February 2012 to January 2016.

16th January 2014 Paris, France

5 points sur l’économie du Royaume-Uni

Sir Peter Ricketts
Sir Peter Ricketts

Il y a toujours eu un esprit de compétition salutaire entre la France et la Grande-Bretagne et on ne peut que s’en réjouir. Néanmoins, j’ai été surpris par le ton particulièrement négatif qui a prévalu dans l’article sur la relance de l’économie britannique paru dans Libération le 8 janvier dernier. Dans un esprit de fair-play, je [vous] propose ici 5 points sur l’économie du Royaume-Uni. 

En premier lieu, et l’article le reconnaît, l’économie britannique connaît de nouveau la croissance, et ce dans des délais plus rapides que ceux qui avaient été envisagés. L’organisme indépendant britannique de prospective économique (Office of Budget Responsibility) prévoit une croissance de 1,4% pour 2013 et 2,4% pour 2014. En outre, divers indicateurs tendent à démontrer que cette croissance se répartit sur l’ensemble des secteurs économiques : services, construction et industrie.

Ensuite, l’économie britannique crée des emplois – le secteur privé a en effet créé 1,7 million d’emplois depuis 2010 et nous avons supprimé 433 000 postes dans le secteur public. Nous pouvons donc dire que le chômage baisse et nous prévoyons qu’il sera à 6,6% en 2016.

Troisièmement, le gouvernement britannique a tout fait pour que le Royaume-Uni soit un pays où il fait bon faire des affaires, en réduisant la charge des impôts et des taxes sur les entreprises, mais aussi en définissant un programme économique clair visant à soutenir les sciences et l’innovation et améliorer les infrastructures du pays. Les Français l’ont bien compris, notamment les entreprises qui sont nombreuses à étendre leurs activités au Royaume-Uni. A notre connaissance, plus de 100 entreprises françaises ont investi au Royaume-Uni l’an dernier. De toute évidence, elles ont considéré que le Royaume-Uni était une destination digne d’intérêt pour développer leur chiffre d’affaires.

Quatrièmement, nous nous assurons en même temps que les sociétés et les individus acquittent les impôts et les taxes qui leur incombent. Dans une déclaration récente devant le Parlement, notre ministre des finances, George Osborne, a annoncé que notre équivalent du fisc et des services douaniers (HM Revenue and Customs) prendrait les mesures nécessaires pour réduire l’évitement fiscal, ce qui devrait rapporter 6,8 milliards de livres [8,16 milliards d’euros, ndlr] supplémentaires à l’Etat. Il a également annoncé que les contributions spéciales du secteur bancaire augmenteraient cette année.

Cinquièmement, le gouvernement britannique introduit des mesures d’aide au coût de la vie. Il a relevé l’abattement individuel d’impôt sur le revenu à 10 000 livres [12 000 euros]. Ce qui signifie que près de 2,7 millions de personnes supplémentaires ne paient pas l’impôt sur le revenu et que la charge fiscale est réduite pour 25 millions de personnes. Le gouvernement a également encouragé le gel des impôts locaux pour toutes les années de 2010 à 2015. L’idée que les inégalités auraient augmenté de manière significative est un mythe. En fait, les inégalités sur le revenu disponible au Royaume-Uni sont à leur plus bas niveau depuis 1986.

Comme un certain nombre de ministres britanniques l’ont dit clairement, il n’y a pas de quoi fanfaronner. Il y a certainement encore des risques importants, pas seulement en Grande-Bretagne mais partout en Europe. Mais les choses s’améliorent au Royaume-Uni. Dans la mesure où nos économies sont étroitement liées par le commerce et les investissements, les bonnes nouvelles pour la Grande-Bretagne sont de bonnes nouvelles pour la France. Je vous invite à commencer cette année en regardant les choses du bon côté.

Lettre publiée sur le site Libération.fr le 16 janvier 2014