18th February 2015 Paris, France
Terrorisme : les mesures britanniques contre la radicalisation
Les attaques terroristes meurtrières à Copenhague ont souligné encore une fois le fait que nous sommes tous confrontés à cette menace de terrorisme islamiste. J’ai été invité cette semaine au Sénat pour présenter l’approche britannique, avec d’autres ambassadeurs.
Version écrite (suite)
Je voulais souligner quelques points majeurs de notre approche. Nous essayons de combiner à la fois la prévention de la radicalisation au Royaume-Uni, mais aussi l’action contre ceux qui sont déjà radicalisés.
Pour prévenir, il faut s’attaquer au problème d’internet. Les groupes islamistes terroristes utilisent d’une manière très sophistiquée les moyens numériques pour faire passer leurs messages de haine auprès des citoyens plutôt vulnérables de nos sociétés.
Depuis quelques années nous avons développé des partenariats avec les grands acteurs du web qui animent les plateformes, fournissent les services pour qu’eux-mêmes agissent rapidement pour supprimer ces contenus. Et nous avons eu des succès depuis 2010 : 72000 sites web ont été supprimés volontairement par les acteurs du web (qui ont leurs propres normes et valeurs). Ceux-ci ont été très efficaces par exemple contre la pédophilie, et nous voulons utiliser la même approche volontaire contre la menace terroriste sur le web.
Un autre domaine d’action de prévention : les prisons. Ce sont des lieux de recrutement pour les gens radicalisés. Il faut tout d’abord agir pour identifier ceux qui sont capables de radicaliser d’autres prisonniers. Nous travaillons beaucoup avec les aumôniers musulmans afin de repérer les discours de distorsion de l’Islam qui se pratiquent dans les prisons.
Prévenir est une chose, mais il faut aussi des outils efficaces contre ceux qui sont déjà radicalisés et qui représentent une menace pour nos sociétés. Nous avons récemment adopté une nouvelle loi au Royaume-Uni qui donne des outils supplémentaires. Ainsi, le ministre de l’Intérieur peut retirer le passeport d’un citoyen britannique pour l’empêcher de voyager dans des pays comme la Syrie ou l’Irak.
On peut aussi retirer la citoyenneté britannique à ceux qui ont une deuxième nationalité. On n’acceptera pas qu’ils soient apatrides mais si une personne a une nationalité par exemple venant du monde musulman, on peut lui retirer la nationalité britannique et l’expulser de notre territoire.
On peut même exclure temporairement le retour de citoyens britanniques vers le Royaume-Uni pour laisser le temps aux forces de l’ordre de se préparer à les recevoir et à les arrêter à la frontière.
Lutter d’une manière efficace contre la menace terroriste, cela implique une grande coopération internationale. Au niveau européen, nous sommes très en faveur de l’adoption rapide de ce qu’on appelle le PNR (Passenger Name Record), c’est-à-dire l’échange des données entre pays européens sur les informations des passagers de vols en Europe, pour s’assurer qu’on partage tous l’information sur les mouvements de terroristes potentiels. Il faut également lutter contre le trafic d’armes entre les pays européens.
Il faut faire évoluer nos instruments aussi rapidement qu’évolue la menace venant des terroristes. Pour cela une coopération européenne très étroite est essentielle et je peux vous assurer que celle-ci est en place.